18 avril ( vendredi Saint); La première lecture et sa réflexion

La première lecture

« C’est à cause de nos fautes qu’il a été broyé » (Is 52, 13 – 53, 12)

Lecture du livre du prophète Isaïe

Mon serviteur réussira, dit le Seigneur ;
il montera, il s’élèvera, il sera exalté !
La multitude avait été consternée en le voyant,
car il était si défiguré
qu’il ne ressemblait plus à un homme ;
il n’avait plus l’apparence d’un fils d’homme.
Il étonnera de même une multitude de nations ;
devant lui les rois resteront bouche bée,
car ils verront ce que, jamais, on ne leur avait dit,
ils découvriront ce dont ils n’avaient jamais entendu parler.

Qui aurait cru ce que nous avons entendu ?
Le bras puissant du Seigneur, à qui s’est-il révélé ?
Devant lui, le serviteur a poussé comme une plante chétive,
une racine dans une terre aride ;
il était sans apparence ni beauté qui attire nos regards,
son aspect n’avait rien pour nous plaire.
Méprisé, abandonné des hommes,
homme de douleurs, familier de la souffrance,
il était pareil à celui devant qui on se voile la face ;
et nous l’avons méprisé, compté pour rien.
En fait, c’étaient nos souffrances qu’il portait,
nos douleurs dont il était chargé.
Et nous, nous pensions qu’il était frappé,
meurtri par Dieu, humilié.
Or, c’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé,
à cause de nos fautes qu’il a été broyé.
Le châtiment qui nous donne la paix a pesé sur lui :
par ses blessures, nous sommes guéris.
Nous étions tous errants comme des brebis,
chacun suivait son propre chemin.
Mais le Seigneur a fait retomber sur lui
nos fautes à nous tous.

Maltraité, il s’humilie,
il n’ouvre pas la bouche :
comme un agneau conduit à l’abattoir,
comme une brebis muette devant les tondeurs,
il n’ouvre pas la bouche.
Arrêté, puis jugé, il a été supprimé.
Qui donc s’est inquiété de son sort ?
Il a été retranché de la terre des vivants,
frappé à mort pour les révoltes de son peuple.
On a placé sa tombe avec les méchants,
son tombeau avec les riches ;
et pourtant il n’avait pas commis de violence,
on ne trouvait pas de tromperie dans sa bouche.
Broyé par la souffrance, il a plu au Seigneur.
S’il remet sa vie en sacrifice de réparation,
il verra une descendance, il prolongera ses jours :
par lui, ce qui plaît au Seigneur réussira.

Par suite de ses tourments, il verra la lumière,
la connaissance le comblera.
Le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes,
il se chargera de leurs fautes.
C’est pourquoi, parmi les grands, je lui donnerai sa part,
avec les puissants il partagera le butin,
car il s’est dépouillé lui-même
jusqu’à la mort,
et il a été compté avec les pécheurs,
alors qu’il portait le péché des multitudes
et qu’il intercédait pour les pécheurs.

Sa réflexion

Le passage d'Isaïe 52,13-53,12, souvent appelé le "Quatrième Chant du Serviteur", est l'un des textes les plus poignants et prophétiques de l'Ancien Testament. Il décrit la souffrance et l'exaltation du Serviteur de Yahvé, une figure qui, pour les chrétiens, préfigure Jésus-Christ. Voici une réflexion et une méditation basées sur ce passage :

Réflexion sur Isaïe 52,13-53,12

Le prophète Isaïe nous présente une figure mystérieuse et paradoxale : le Serviteur souffrant. Ce Serviteur, bien que méprisé et rejeté, porte les souffrances de l'humanité et devient un instrument de salut pour tous. Ce texte nous invite à méditer sur plusieurs thèmes profonds : la souffrance, la rédemption, et la volonté divine.

La Souffrance du Serviteur

Le Serviteur est décrit comme un homme de douleurs, familier avec la souffrance (Is 53,3). Il est méprisé, évité, et considéré comme frappé par Dieu (Is 53,4). Pourtant, cette souffrance n'est pas vaine ; elle a un but rédempteur. Le Serviteur prend sur lui nos infirmités et porte nos douleurs (Is 53,4). Il est transpercé à cause de nos rébellions et écrasé à cause de nos péchés (Is 53,5).

Ce passage nous rappelle que la souffrance peut avoir un sens profond. Elle peut être un chemin de transformation et de rédemption, non seulement pour nous-mêmes, mais aussi pour les autres. En acceptant nos propres souffrances avec foi et espérance, nous pouvons, comme le Serviteur, devenir des instruments de grâce et de guérison.

La Rédemption par la Souffrance

Le Serviteur souffrant est exalté précisément parce qu'il accepte de porter le poids de nos péchés. Par ses blessures, nous sommes guéris (Is 53,5). Il est offert en sacrifice pour expier les péchés de l'humanité (Is 53,10). Cette idée de rédemption par la souffrance est centrale dans la foi chrétienne, où Jésus, le Serviteur par excellence, donne sa vie pour sauver le monde.

Cette réflexion nous invite à voir nos propres épreuves comme des opportunités de rédemption. En offrant nos souffrances à Dieu, nous pouvons participer à son œuvre de salut. Nous sommes appelés à imiter le Serviteur, à porter les fardeaux des autres, et à être des sources de guérison et de réconciliation.

La Volonté Divine

Le texte souligne que le Serviteur souffre selon la volonté de Yahvé (Is 53,10). Cette souffrance n'est pas un accident ou une punition, mais un acte d'obéissance et d'amour. Le Serviteur se soumet librement à la volonté divine, même lorsque celle-ci implique la douleur et la mort.

Cette méditation nous encourage à aligner notre volonté sur celle de Dieu, même dans les moments de difficulté. En acceptant la volonté divine, nous trouvons la paix et la force de traverser les épreuves. Nous sommes invités à faire confiance à Dieu, sachant qu'il peut transformer nos souffrances en bénédictions.

Conclusion

Isaïe 52,13-53,12 nous offre une vision profonde de la souffrance rédemptrice. Le Serviteur souffrant nous montre que nos épreuves peuvent avoir un sens et un but. En méditant sur ce passage, nous sommes appelés à embrasser nos propres souffrances avec foi, à offrir nos épreuves pour le bien des autres, et à aligner notre volonté sur celle de Dieu. Ainsi, nous pouvons devenir, comme le Serviteur, des instruments de grâce et de rédemption dans le monde.

Que cette réflexion et méditation vous aident à trouver la paix et l'espérance dans vos propres épreuves, et à voir en elles des opportunités de croissance spirituelle et de service aux autres.