Homélie 3ème dimanche ordinaire C

 

Sans doute avez-vous déjà remarqué que dans l’Evangile on parle souvent des discours de Jésus : il enseignait, parlait aux foules longuement… Homeliemais chose étrange ce même Evangile nous rapporte très peu de paroles de Jésus, ou alors les rares paroles rapportées ne sont que des citations empruntées aux livres de l’Ancien Testament.  Ainsi aujourd’hui, Jésus cite le prophète Isaïe : « Le Seigneur m’a dit d’aller enseigner la Bonne Nouvelle aux pauvres. » Autrement dit l’enseignement, le message qui nous reste venant vraiment de Jésus, ce ne sont que ses faits et ses gestes.

Nous pouvons aussi faire le parallèle avec la première lecture de ce jour : Esdras lit au peuple le livre de la loi, il leur dit : « maintenant mangez et buvez et envoyez une part à celui qui n’a rien. »

Nous constatons que dans ces 2 lectures qui nous sont présentées, il y a un double mouvement. D’une part la communication de la Parole, d’autre part l’écoute, l’action, l’engagement, ou pour reprendre le mot de Jésus : «l’accomplissement de cette Parole.» Ces 2 mouvements sont indissociables.

Cette semaine nous venons de commencer la semaine de l’Unité. S’il est question de l’unité entre les différentes Eglises, il est question tout autant de l’unité au sein de notre Eglise.  Or chose étrange, toutes ces Eglises, toutes ces tendances au sein de l’Eglise, se réclament du même Evangile de Jésus Christ, de la même Parole. D’où viennent donc toutes ces différences et ces divisions sinon de l’interprétation, c'est-à-dire de la mise en pratique de ces Ecritures ?

On constate donc que si la lecture de ces Ecritures fait l’unité, puisque tous les chrétiens s’en réclament, c’est dans l’interprétation, la mise en pratique qu’ils se distinguent et se diversifient.

L’Eglise a reçu le dépôt de ce message. Elle n’en n’est donc pas la propriétaire mais la dépositaire, car chaque fois qu’elle proclame cette parole, chacun de ceux qui la reçoive se sent interpellé différemment selon sa situation, selon ses charismes comme nous l’entendions dimanche dernier.  En effet s’il n’y a qu’une bouche qui parle, qui annonce, innombrables sont les oreilles qui entendent et les personnes qui, sous la mouvance de l’Esprit, interprètent et mettent en pratique.

N’est-ce pas justement cette diversité qui fait la richesse ?

Il est vrai que cette diversité est dérangeante, insécurisante surtout pour les responsables qui craignent la contestation.  On comprend facilement que ceux-ci préfèrent l’uniformité, ce qui est beaucoup plus facile : une uniformité, c'est-à-dire que tous portent le même uniforme, marchent d’un même pas, obéissent aux mêmes ordres !

Maintenant si nous regardons Jésus, nous voyons que lui aussi adhérait aux mêmes Ecritures que les pharisiens et les scribes. Tous lisaient avec passion ce texte d’Isaïe que nous venons d’entendre et attendaient le jour de sa réalisation. Pour Jésus la réalisation de cette promesse n’est pas automatique, ne tombe pas du ciel, elle n’est pas pour demain mais c’est nous qui devons la faire advenir dès aujourd’hui.  Ce qui les divisait donc c’était l’interprétation, la mise en œuvre.

Les scribes et les pharisiens ont toujours refusé toute pluralité, toute diversité, croyant eux-seuls posséder toute la vérité. Et c’est au nom de cette vérité qu’ils ont été jusqu’à mettre à mort celui qui remettait en question leur certitude !

Cette semaine de prière pour l’unité ne veut donc pas être un moyen de remettre tout le monde en file indienne pour ne voir qu’une seule tête, mais elle veut être un moyen  de donner à chacun l’occasion de faire entendre sa voix.

La véritable unité ne peut se vivre que dans la diversité, le pluralisme ; un pluralisme où personne n’est rejeté ni condamné. Il n’y a que cette unité, si elle est vécue dans le respect et la reconnaissance de chacun, qui pourra susciter la véritable communion.  

Date de dernière mise à jour : 24/02/2025

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