Le murmure du vent
Dans un petit village niché entre les montagnes et les forêts, vivait une jeune femme nommée Lina. Elle passait ses journées à courir d’un endroit à l’autre, toujours occupée. Elle aidait au marché, soignait les animaux, préparait les repas pour les plus démunis… Lina aimait se rendre utile, mais au fond d’elle, elle sentait une fatigue grandissante. Chaque soir, elle s’endormait avec l’impression qu’il manquait quelque chose, sans savoir quoi.
Un matin, alors qu’elle traversait la place du village en courant, une voix l’interpella :
— Lina, où cours-tu ainsi ?
C’était un vieil homme assis sur un banc, enveloppé dans une cape usée. Il souriait paisiblement, observant le vent jouer avec les feuilles.
— J’ai tant de choses à faire ! répondit Lina. Si je m’arrête, tout sera en retard !
Le vieil homme hocha la tête et tapota la place à côté de lui.
— Viens t’asseoir un instant.
Lina hésita, mais quelque chose dans son regard l’intrigua. Elle s’assit à contrecœur, tapotant nerveusement ses genoux.
— Écoute, dit-il en fermant les yeux.
— Écouter quoi ? demanda Lina, perplexe.
— Le vent.
Lina haussa un sourcil, mais fit l’effort d’écouter. Au début, elle n’entendit que le brouhaha du marché, le bruit des sabots sur les pavés, les appels des marchands. Mais peu à peu, son esprit se calma. Et alors, elle l’entendit : le souffle léger du vent entre les arbres, le chant discret d’un oiseau perché sur une enseigne, le murmure paisible du ruisseau coulant sous le vieux pont.
— Que ressens-tu ? demanda le vieil homme.
— C’est… doux, murmura Lina. Comme si le monde continuait de bouger, mais sans que je sois obligée de le suivre en courant.
Le vieil homme sourit.
— La paix ne se trouve pas en fuyant l’agitation, Lina. Elle est toujours là, cachée dans les espaces entre deux bruits, entre deux gestes. Il suffit de s’arrêter et d’écouter.
Lina resta assise longtemps après son départ, à écouter le vent et à sentir, pour la première fois depuis longtemps, une paix profonde s’installer en elle. Ce jour-là, elle comprit que la vie ne se mesurait pas à la quantité de tâches accomplies, mais à la qualité de chaque instant vécu pleinement.
Dès lors, elle continua à aider les autres, mais elle s’accorda aussi des pauses pour respirer, observer, écouter. Et chaque fois qu’elle sentait l’agitation la submerger, elle se souvenait du murmure du vent.