"Tel fut le commencement des signes que Jésus fit", nous dit l'évangéliste. €t moi qui ai toujours eu une haute idée de Dieu, j'ai pensé que Jésus n'avait certainement pas, comme ça, d'entrée de jeu, frappé un grand coup. Et j'ai imaginé le ciel qui se déchire, la foudre, les éclairs, et une apparition, et la voix grave de Dieu qui vient mettre de l'ordre parmi tous ses sujets ; qui décore ceux qui parlent et pensent comme lui ; qui condamne et exclut ceux qui ont le malheur de penser autrement et le courage de le dire. Et ce ne serait qu'un début: le commencement des signes.
Mais Jean ne disait pas cela, lui qui était présent. Le commencement, dit-il, ce fut à un mariage, au village de Cana. Et je voyais la scène. Jésus qui vient avec sa bande de disciples. Et la joie des convives, les danses et les chants. Et le vin qui remplace l'eau réservée aux rites, l'eau qui vous met en règle, qui fait de vous des purs, l'eau qui est incolore, inodore, insipide. Et le vin coule à flots : six cuves de cent litres ! Et pas n'importe lequel, un vin millésimé. Qu'on est loin de la peur. Et quelle ambiance quand Dieu décide de faire la noce avec les hommes ! Et ce n'est qu'un début.