Hérode et les mages. Et Jésus qui est né, là-bas, à Bethléem. Une histoire d'hier et question d'aujourd'hui. II y a d'abord Hérode, le roi, en son palais. Apprenant la nouvelle, il est pris d'inquiétude, comme tout Jérusalem, la ville qu'on dit sainte. II convoque tous les scribes et tous les chefs des prêtres qu'il y a dans son pays. Et tout ce monde tremble. Les hommes de pouvoir ont peur de perdre leur trône. Les intellectuels ont peur que leur savoir ne soit remis en question et ils restent dans leurs livres. Et les hommes de religion, tellement habitués à croire qu'ils possèdent, eux seuls, la vérité, ont peur pour leur prestige et leur autorité. Et personne ne bouge.
Puis il y a les mages. Eux, ils sont des païens, qui viennent d'Orient. Et voici qu'à leur suite marchent, en un long cortège, hommes et femmes d'aujourd'hui. Ceux et celles pour qui le ciel reste bouché. Mais aussi ceux et celles qui ont cru voir là-bas une lumière briller et cherchent confirmation. Et les théologiens qui ne se contentent pas de tant de certitudes qui sont comme des mots d'ordre. Et les hommes et les femmes qui entendent confronter les paroles que l'on dit aux actes que l'on pose. Et tout ce monde cherche.
II y a surtout Jésus. Que les mages découvrent tout au bout de leur route. Et voilà que ce Dieu n'a rien du tout d'un Dieu, qui a palais et trône, et prêtres et laquais. Mais c'est un petit enfant. Frêle comme le pauvre et fragile comme l'homme. Et ils mettent pied à terre, et ils tombent à genoux. Devant le miséreux qui n'a même pas une pierre où reposer la tête. Et devant l'étranger qu'on jette hors de la ville. Et devant la victime qu'on accroche à une croix. Et pour ce pauvre Dieu, on n'a jamais fini de marcher.