Conte: le vieux sage et l'enfant généreux
Il était une fois, dans un petit village niché au creux des montagnes, un enfant nommé Léo. Il était connu pour son grand cœur : toujours prêt à aider, il portait les seaux d’eau des
anciens, réparait les jouets cassés des plus jeunes et aidait même les marchands à ranger leurs étals à la fin du marché.
Un jour, un vieux sage arriva au village. On disait qu’il connaissait le secret d’une vie épanouie et équilibrée. Curieux, Léo courut à sa rencontre.
— Maître, demanda-t-il avec enthousiasme, comment puis-je devenir une meilleure personne ?
Le sage l’observa un instant et lui répondit :
— Tu as déjà un cœur noble, mais sais-tu équilibrer ton service ? Sais-tu dire non ?
Léo fronça les sourcils. Dire non ? Pourquoi refuser d’aider quand on peut rendre service ?
— Je ne comprends pas, Maître. Aider, c’est bien, non ?
Le vieil homme sourit et lui tendit une cruche en terre cuite.
— Prends cette cruche et remplis-la d’eau à la rivière.
Léo obéit. Il courut jusqu’au ruisseau et plongea la cruche dans l’eau claire. Lorsqu’il revint, le sage lui demanda de donner un peu d’eau à chaque habitant du village qui en avait besoin.
Avec joie, Léo partagea l’eau de sa cruche. Il en donna au forgeron, au boulanger, aux enfants qui jouaient sur la place. Mais bientôt, la cruche se vida et il ne put plus en donner à une vieille femme qui avait soif. Déçu, il retourna vers le sage.
— Je n’ai plus d’eau… Je n’ai pas pu aider tout le monde !
Le sage posa une main sur son épaule et lui dit avec douceur :
— Vois-tu, Léo, ton cœur est comme cette cruche. Si tu donnes sans jamais la remplir, un jour, tu n’auras plus rien à offrir. Servir est une belle chose, mais il faut aussi savoir dire non pour préserver ses forces et ne pas s’épuiser.
Léo comprit alors la leçon. À partir de ce jour, il continua à aider son village, mais il prit aussi le temps de se reposer, de jouer et de rêver. Il apprit que dire non parfois, ce n’était pas être égoïste, mais simplement se donner la possibilité d’être toujours prêt à dire oui quand cela comptait vraiment.
Et ainsi, il devint un serviteur du bien, non pas épuisé, mais éclairé.