Le petit ruisseau et la grande rivière

l était une fois, au cœur d’une vallée paisible, un petit ruisseau qui serpentait entre les rochers et les fleurs sauvages. Il n’était ni grand ni puissant, et pourtant, il chantonnait joyeusement en arrosant la terre sur son passage. Les oiseaux venaient s’y abreuver, les renards y trouvaient de quoi se rafraîchir, et les fleurs y plongeaient leurs racines pour s’épanouir.

Un jour, une grande rivière passa à côté du ruisseau et le toisa d’un regard moqueur.

— Que fais-tu donc, si petit et insignifiant ? Regarde-moi, je traverse les plaines et les montagnes, j’irrigue les champs, je porte des bateaux ! Tu es bien trop modeste pour avoir un véritable impact.

Le ruisseau, sans se troubler, répondit avec douceur :

— Peut-être ne suis-je pas aussi grand que toi, mais chaque goutte d’eau que je donne fait naître la vie autour de moi. Est-ce si important d’être immense si l’on oublie de nourrir ce qui nous entoure ?

La rivière rit bruyamment et continua son chemin, fière de sa force et de sa grandeur.

Les saisons passèrent, et un été particulièrement sec frappa la vallée. Le soleil brûlait les terres, les champs s’asséchaient et les animaux peinaient à trouver de l’eau. La grande rivière, autrefois abondante, se retrouva presque à sec, incapable d’alimenter les villages et les cultures.

Mais le petit ruisseau, lui, continuait son travail, discrètement, sans bruit. Parce qu’il n’avait jamais cherché à retenir l’eau pour lui-même, la terre autour de lui était restée fertile, et les racines des arbres, en retour, le protégeaient du dessèchement.

Un jour, la grande rivière, affaiblie, revint voir le ruisseau et lui demanda humblement :

— Comment fais-tu pour survivre alors que moi, qui étais si puissante, je ne suis plus qu’un filet d’eau ?

Le ruisseau sourit et répondit :

— J’ai simplement donné sans compter. Plus je partageais mon eau, plus la terre me la rendait. Je n’ai jamais cherché à être grand, seulement à être utile.

La grande rivière comprit alors qu’il ne s’agissait pas d’être immense ou impressionnante, mais d’apporter quelque chose aux autres. À partir de ce jour, elle apprit à mieux écouter la terre et à partager ses eaux avec humilité.

Et c’est ainsi que le petit ruisseau, par sa simplicité et sa générosité, enseigna à la grande rivière que la vraie richesse ne réside pas dans la force, mais dans le don de soi.