Un conte sur "prendre ses responsabilités"
Le fardeau d’Élia
Il était une fois, dans un petit village niché entre les collines et les bois, une jeune fille appelée Élia. Élia était connue pour son sourire radieux et sa vivacité, mais elle avait une petite
habitude : chaque fois qu’une tâche lui était confiée, ou lorsqu’elle faisait une erreur, elle trouvait toujours une excuse pour ne pas s’en occuper.
Quand le pain brûlait au four, elle disait que le feu était trop capricieux. Quand une corvée de nettoyage lui revenait, elle affirmait qu’elle n’avait pas le temps. Si un vase se brisait par sa maladresse, elle jurait que c’était le vent qui avait tout fait. Les villageois, bien qu’attachés à elle, commençaient à murmurer entre eux, car ses excuses ne rendaient pas les choses plus simples pour les autres.
La visite de l’Ancienne
Un jour, une vieille femme mystérieuse, que l’on appelait l’Ancienne des Collines, descendit au village. On disait qu’elle possédait des dons particuliers, capables de révéler aux gens leurs véritables forces ou faiblesses. Elle observait toujours les habitants en silence, mais ce jour-là, elle s’approcha d’Élia.
« Élia, ma chère, » dit-elle doucement, « il est temps pour toi de porter le Fardeau. »
Intriguée, Élia haussa les épaules. « Le fardeau ? Je ne sais pas de quoi vous parlez. Je n’ai rien fait de mal ! »
L’Ancienne sourit. « Justement. Tu verras. »
Elle leva la main, et une lumière dorée se forma dans l’air. Soudain, une petite pierre apparut dans les bras d’Élia. La pierre était lisse, mais froide, et étrangement lourde pour sa taille.
« Que dois-je en faire ? » demanda Élia, perplexe.
« Cette pierre représente chaque responsabilité que tu fuis. Chaque fois que tu refuses d’assumer tes actes ou tes tâches, elle grandira. Tu devras la porter avec toi, toujours. Et souviens-toi : ce n’est qu’en faisant face à ce que tu évites qu’elle redeviendra légère. »
Le poids qui grandit
Au début, Élia ne prit pas la pierre au sérieux. « Ce n’est qu’un caillou, après tout ! » se dit-elle. Mais bientôt, chaque fois qu’elle évitait une tâche, une erreur ou une promesse, la pierre devenait un peu plus grosse et plus lourde.
Lorsqu’elle refusa de nettoyer l’étable après une tempête, la pierre doubla de taille. Quand elle accusa son frère de perdre une clé qu’elle-même avait égarée, elle sentit le poids s’intensifier. Chaque jour, la pierre devenait si encombrante qu’Élia ne pouvait plus l’ignorer.
Elle ne pouvait plus courir avec ses amis, ni même profiter des petits plaisirs du quotidien. Les villageois, voyant son épuisement, lui conseillèrent de parler à l’Ancienne.
Faire face
Un soir, désespérée, Élia gravit les collines pour retrouver l’Ancienne. Lorsqu’elle arriva, elle posa sa pierre – désormais aussi grosse qu’un melon – devant la vieille femme.
« Pourquoi m’avoir fait cela ? Je n’en peux plus de ce poids ! »
L’Ancienne, assise près du feu, répondit calmement : « Ce fardeau, ma chère, ce n’est pas moi qui te l’ai donné. C’est toi qui l’as créé en fuyant ce qui t’appartient. Maintenant, veux-tu savoir comment t’en libérer ? »
Élia hocha la tête avec ardeur.
« Il te suffit de retourner au village et de faire face à tout ce que tu as évité. Répare tes erreurs, tiens tes promesses, et ne crains plus de prendre part à la vie de ceux qui comptent sur toi. »
La transformation
Le lendemain, Élia rentra au village. D’abord, elle aida à nettoyer l’étable qu’elle avait abandonnée. Puis, elle avoua à son frère qu’elle avait perdu la clé, et ils la cherchèrent ensemble jusqu’à la retrouver. Elle s’excusa auprès des villageois pour les tâches qu’ils avaient dû faire à sa place, et s’engagea à les aider avec enthousiasme.
Avec chaque acte de responsabilité, la pierre rétrécissait. Elle devenait plus légère, plus petite, jusqu’à ce qu’elle ne soit plus qu’un petit caillou qu’Élia put tenir dans sa paume. L’Ancienne lui expliqua alors :
« Ce caillou, garde-le dans ta poche. Il te rappellera que prendre ses responsabilités est difficile, mais cela allège toujours ton cœur. »
Et c’est ainsi qu’Élia devint l’une des jeunes femmes les plus respectées du village. Elle avait compris que porter ses responsabilités n’était pas un fardeau, mais une manière de se libérer et de grandir.
Et depuis ce jour, elle n’a jamais cessé de sourire, mais cette fois, avec une sincérité et une force nouvelles.