Les chaînes invisibles

 

ContesDans un village entouré de montagnes, vivait un jeune forgeron nommé Elio. Depuis son enfance, il voyait les villageois marcher avec de lourdes chaînes aux poignets et aux chevilles. Pourtant, ces chaînes n’étaient pas faites de métal, et personne ne semblait les voir, sauf lui.

Intrigué, Elio observait. Certains étaient enchaînés par la peur du regard des autres, d’autres par le poids du passé, certains encore par des promesses qu’ils n’avaient jamais osé rompre. Même les plus puissants marchaient enchaînés, courbés sous un fardeau invisible.

Un jour, une vieille femme, Ismène, entra dans sa forge. Contrairement aux autres, elle marchait légère et libre. Elle sourit à Elio et lui dit :
— Tu es le seul à voir ces chaînes, n’est-ce pas ?
— Oui, mais je ne comprends pas pourquoi les gens ne s’en libèrent pas, répondit-il.
— Parce qu’ils ne savent même pas qu’elles existent.

Intrigué, Elio demanda :
— Comment as-tu brisé les tiennes ?
— En comprenant qu’elles n’étaient pas réelles, murmura-t-elle avec un clin d’œil.

Ces mots hantèrent Elio. Il décida alors d’aider les villageois à voir leurs chaînes. Il commença par sa sœur, Lia, qui rêvait de voyager mais restait figée par la peur de décevoir leur père.
— Regarde tes chaînes, Lia, elles ne sont faites que de peur. Tu peux les briser.
Elle hésita, mais en les observant, elle comprit qu’elles n’avaient jamais été solides. Le lendemain, elle partit enfin découvrir le monde.

Peu à peu, Elio montra aux villageois leurs entraves. Certains refusaient de les voir, trop habitués à leur poids. Mais d’autres, en prenant conscience de leur captivité, retrouvaient leur liberté.

Un jour, Elio se regarda dans le reflet d’une lame forgée et vit, à sa grande surprise, qu’il portait lui aussi des chaînes : celles du besoin d’aider tout le monde, au point de s’oublier lui-même. Il sourit. Puis, comme Lia, il souffla doucement… et les chaînes tombèrent.

Ainsi, dans ce village, les chaînes s’effacèrent peu à peu, non par la force, mais par la prise de conscience. Car la plus grande prison est celle que nous ne savons pas voir, et la clé, elle, a toujours été entre nos mains.

Date de dernière mise à jour : 07/03/2025

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