Le coeur en partage
Il était une fois, dans un petit village niché entre les montagnes, un vieil homme nommé Maël. Il vivait seul dans une humble maison de pierre, à l’écart des autres. Les villageois le connaissaient peu et murmuraient souvent à son sujet. On disait qu’il avait tout perdu autrefois et qu’il s’était enfermé dans sa solitude.
Un hiver particulièrement rude frappa le village. La neige tomba si fort que les routes furent coupées, et la famine menaçait. Les villageois, d’habitude solidaires, commencèrent à se méfier les uns des autres, chacun craignant de manquer.
Un soir, une fillette du village, Lina, vit une lueur danser à la fenêtre de Maël. Son estomac criait famine, et elle frissonnait dans son manteau trop fin. Poussée par la faim, elle s’approcha et frappa timidement.
Maël ouvrit la porte. Son regard était fatigué, mais il n’y avait ni colère ni rejet dans ses yeux. Il fit entrer la fillette, l’installa près du feu et lui tendit une miche de pain qu’il lui restait. Lina le regarda, émue :
— Pourquoi me donnes-tu ton pain, alors que tu es seul et que l’hiver est dur ? demanda-t-elle.
Maël sourit tristement.
— Parce que j’ai appris que garder pour soi ne réchauffe pas le cœur, mais partager allège tous les poids.
Touchée par ces mots, Lina courut raconter ce geste aux villageois. Peu à peu, ils réalisèrent qu’ils s’étaient enfermés dans leur peur et qu’ils avaient oublié de s’entraider. Inspirés par Maël, ils recommencèrent à partager leurs vivres, leur bois, et surtout leur chaleur humaine.
Lorsque le printemps revint, Maël n’était plus seul. Chaque jour, les villageois venaient lui rendre visite, et il devint le cœur du village, celui qui avait ravivé en eux la vraie richesse : la compassion.
Depuis ce jour, une vieille légende court dans le village. On dit que celui qui partage son cœur ne manque jamais de rien. Et que, parfois, une simple miche de pain peut nourrir bien plus que l’estomac : elle nourrit l’âme.