la graine du silence

Il était une fois, dans un petit village niché entre les montagnes, une jeune fille nommée Eléa. Elle vivait paisiblement, entourée de sa famille, de ses amis et des rires qui berçaient les jours simples. Mais un hiver, un mal étrange frappa Eléa. Ses jambes, sans raison, refusèrent de la porter. Elle, qui courait dans les champs, dut rester allongée, immobile, regardant le ciel par la fenêtre.

Le silence remplaça les rires. Les visites se firent rares. Elle entendait parfois les villageois murmurer :
— Pauvre Eléa… Elle ne sert plus à rien.

Les jours passaient, lents et lourds, et dans le cœur d’Eléa, une tristesse profonde s’installait. Elle se demandait pourquoi cela lui arrivait. Quel sens avait sa vie maintenant ?

Un soir, alors que la neige tombait doucement, une vieille femme frappa à sa porte. Elle portait un manteau fait d’écorce et de mousse, et ses yeux brillaient comme deux lucioles dans la nuit.
— Puis-je m’asseoir ? demanda-t-elle.
Eléa, surprise, acquiesça. La femme prit sa main et dit doucement :
— Tu crois que tu es devenue stérile à la vie. Mais parfois, la terre doit sembler morte avant de pouvoir fleurir.

Pendant plusieurs lunes, la vieille femme revint, lui racontant des histoires, lui apprenant les secrets des plantes, les langages du vent et la sagesse du silence. Peu à peu, Eléa retrouva une lumière en elle, une paix douce, profonde.

Elle ne marcha plus jamais comme avant, mais son cœur, lui, se mit à danser. Elle devint celle qu’on venait voir pour écouter, pour se consoler, pour se souvenir que même la douleur a une voix, et qu’elle peut chanter.

Les villageois disaient désormais :
— Va voir Eléa. Elle ne bouge pas, mais elle fait pousser la lumière dans les cœurs.

Et ainsi, ce que tous croyaient être une fin devint un commencement. L’épreuve, comme une graine enfouie dans la nuit, avait donné naissance à une source. Une source de douceur, de sagesse et d’amour.