Marie. Petite femme du peuple, semblable à toutes les autres et que rien ne distingue. Humble, modeste et simple. Mais femme d'un monde nouveau qui court comme une jeunette. Parce qu'elle est porteuse d'une bonne nouvelle qui ne souffre aucun retard. Porteuse d'un enfant, porteuse de la vie. Alors, laissez passer, vous tous, les pharisiens, les docteurs et les scribes, qui n'avez à porter que votre autorité et votre suffisance, votre rang et vos lois, et toutes vos certitudes. Retirez-vous, faites place. Heureuse celle qui a cru. Le monde nouveau est là. C'est le monde de la foi.
Elisabeth. Petite femme du peuple, que les ans ont usée, la dureté de la vie, le travail et les peines. Femme du temps passé, femme du monde ancien, finissant, moribond. Mais femme qui porte en elle l'attente, l'espérance, d'un monde qui sera meilleur. Qui regarde en avant et qui ouvre la porte, pour accueillir la vie plus forte que la mort. Et femme qui tressaille de joie et d'allégresse quand vient celui qui fait toutes choses nouvelles. Alors, taisez-vous donc, prophètes de malheur, qui regardez en arrière, qui rêvez du passé. Un monde nouveau est là. Le monde de l'espérance.
Marie, Elisabeth. Petites femmes de chez nous. Comme il y en a tant. Que personne ne remarque. Que personne ne décore. Sans éclat et sans bruit. Dont le visage rayonne de bonté et de joie, et qui sont tout accueil. Qui courent pour répandre autour d'elles, sans répit, l'amour qu'elles portent en elles. Alors, rasseyez-vous, les notables, les grands. Cessez de faire du bruit pour vous faire remarquer. Cessez de faire des discours pour vous rendre importants. Taisez-vous, écoutez. Ouvrez l'oeil, regardez. Le monde nouveau est là. C'est le monde des petits. Le monde de l'amour.