Homélie 3ème dimanche de l'Avent C

 

Nous sommes, en France et Belgique, les plus grands consommateurs de tranquillisants et de médicaments divers… Nous avons le record d’Europe de suicides de jeunes… On nous dit que notre espérance de vie augmente régulièrement 3eme dim aventmais elle est obscurcie par les spectres d’Alzheimer ou de Parkinson… Par ailleurs nous ne savons plus très bien ce que nous mangeons, ni ce que nous devrons manger… Pouvons-nous dire alors que c’est vraiment la joie?

Et voici que, en dépit de ces réalités, l’Église nous invite, en ce 3e dimanche de l’Avent, à nous réjouir : " Pousse des cris de joie ! Réjouis-toi, tressaille d’allégresse… " dit Sophonie. " Soyez toujours dans la joie… " reprend, comme en écho, St. Paul.

Si on faisait un sondage sur ce qui caractérise la foi chrétienne, la joie apparaîtrait sûrement en position négligeable, alors qu’on la mentionne plus de 80 fois dans le Nouveau Testament. Il doit bien y avoir un " hic " quelque part ! C’est peut-être le fait que cette joie ne nous serait réservée que pour plus tard ? En effet, toutes les promesses de bonheur et de joie contenus dans les lectures d’aujourd’hui sont au futur…


La danse que Dieu exécutera pour nous avec des cris de joie n’aurait donc lieu que dans un avenir lointain ? Mais, puisque pour Dieu le temps ne compte pas, pourquoi n’aurions-nous pas droit, aujourd’hui déjà, à un petit avant-goût, une toute petite répétition générale ? Nous en aurions bien besoin pour que, porteurs de la Bonne Nouvelle, nous puissions être réellement contagieux de joie. Les appels à la joie, comme nous l’avons vu, ne manquent pas dans l’Écriture, mais qu’en est-il dans notre vie de tous les jours ?

Alors, si nous y regardions d’un peu plus près ? Si nous écoutions un peu mieux ? Peut-être percevrions-nous, quelques rythmes de la danse de Dieu.

Elle se devine dans le regard émerveillé des enfants s’éveillant au monde, et pointe dans chaque histoire d’amour qui commence. Elle vibre dans le partage de nos vies avec ses hauts et ses bas et se coule dans la joie d’être ensemble. Elle chante dans un refrain qui nous entraîne, et perce dans la découverte d’un rythme entraînant ou d’une belle musique. Elle se faufile entre les lignes d’un texte plein d’espérance qui nous bouleverse et se répand dans la beauté d’une œuvre qui nous émeut…

Mais, comme une étoile lumineuse, elle nous surprend aussi dans des nuits que nous pensions sans espoir, elle déborde là où nous ne l’attendions pas. Et c’est là où elle est la plus étonnante, qu’elle est, peut-être, la plus authentique : dans la joie rayonnante qui émane de certains malades et handicapés dans le sourire d’un vieillard que nous prenons dans nos bras… Joie de Dieu !

Comment la " danse de Dieu " ne serait-elle pas pleine d’humour ? Aussi ne nous étonnons pas qu’elle virevolte en des endroits où ne fouilleraient pas nos pieuses recherches. N’est-il pas amusant par exemple, de voir un clown, un amuseur public réussir à ouvrir nos cœurs blasés pour donner un peu de joie à ceux qui ont faim de l’essentiel ? Joie et humour de Dieu !

Oui, l’aire de danse de Dieu est immense, elle dépasse largement les enclos de nos Églises. Mais il ne suffit pas d’être seulement les " détectives de la joie de Dieu ", il nous faut aussi en être rayonnants. Un exemple : - vous en avez sûrement fait l’expérience - il y a des personnes dont la rencontre vous laisse totalement vidés, anéantis, tellement elles sont négatives ; par contre d’autres rencontres vous revigorent, vous laissent sur une impression de joie, un bonheur d’être devenus meilleurs.

Alors que choisirons-nous d’être pour ceux qui nous rencontrent ? Éternels râleurs ou transmetteurs de joie ? La décision, me semble-t-il, est toute évidente, n’est-ce pas ?

Ce qui n’empêche qu’il nous faudra énormément d’amour et de délicatesse pour éviter que notre joie ne blesse celui qui est dans la peine ou la tristesse. Elle ne sera bien reçue que si elle est perçue non comme le fruit d’une réussite personnelle, mais comme un don inespéré qui nous a été fait gratuitement. Enfin, pour les réalistes parmi nous, ceux qui se méfieraient des rêves trop faciles, qu’ils n’oublient pas que toute joie, mais plus particulièrement la joie venant de Dieu, la joie de Dieu, ne gomme pas, ne fait pas oublier le réel mais le transfigure…


Je ne pourrai mieux terminer qu’en reprenant le souhait de Paul :
" Frères et sœurs, soyez toujours dans la joie du Seigneur ;
laissez moi vous le redire : soyez dans la joie… "

Date de dernière mise à jour : 24/02/2025

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