Les dangers du fanatisme

Le fanatisme naît souvent d’une certitude absolue, d’une conviction si rigide qu’elle ne laisse plus de place au doute, à la remise en question ou au dialogue. Il transforme une idée, parfois noble à l’origine, en une obsession qui justifie tous les excès. Il pousse l’individu ou le groupe à voir le monde en noir et blanc, à considérer ceux qui pensent différemment comme des ennemis à combattre, et à se croire investi d’une mission qui dépasse toute morale humaine.

L’un des plus grands dangers du fanatisme est sa capacité à aveugler. Celui qui s’y abandonne ne cherche plus la vérité, il l’a déjà trouvée – ou du moins le croit-il. Dès lors, tout devient permis : la censure, l’exclusion, la violence parfois, au nom d’un idéal que l’on pense supérieur. L’histoire regorge d’exemples où la foi religieuse, l’idéologie politique ou même l’attachement à une cause sociale ont été détournés pour justifier l’oppression et la destruction.

Mais le fanatisme n’est pas seulement un péril extérieur, il est aussi une menace intime. Il nous guette dans nos certitudes quotidiennes, dans notre tendance à juger sans écouter, à mépriser ceux qui ne partagent pas notre vision du monde. Il nous pousse à diaboliser l’autre au lieu d’essayer de le comprendre.

Le remède au fanatisme n’est pas l’indifférence ou le relativisme absolu – car certaines valeurs méritent d’être défendues – mais l’humilité et l’ouverture. Savoir que l’on peut se tromper, accepter la complexité du réel, cultiver le dialogue sans renoncer à ses principes, voilà ce qui distingue la conviction éclairée du dogmatisme aveugle.

Dans un monde polarisé où chacun est tenté de se retrancher dans son camp, il est urgent de se méfier du fanatisme sous toutes ses formes. Car si la passion peut inspirer de grandes choses, c’est dans la mesure où elle demeure humaine, et non dans l’instant où elle devient intransigeance.