Le royaume des rires perdus
Il était une fois un royaume où les jeux faisaient partie du quotidien. Petits et grands jouaient dans les rues, dans les champs et même au palais royal. Chaque jour, les habitants se retrouvaient pour inventer de nouvelles histoires, courir après le vent et partager des éclats de rire.
Mais un jour, un roi sévère monta sur le trône. Il s’appelait Sombrecoeur, et il ne comprenait pas l’intérêt du jeu. Pour lui, seul le travail comptait. Il déclara alors :
— À partir d’aujourd’hui, il est interdit de jouer ! Chacun doit être sérieux et productif.
Peu à peu, le royaume changea. Les rires s’éteignirent, les couleurs s’effacèrent, et même le soleil semblait briller moins fort. Les enfants ne couraient plus dans les rues, et les adultes marchaient la tête basse, accablés par leurs tâches répétitives.
Seule une petite fille, nommée Lina, refusait d’oublier la magie du jeu. Elle cachait des billes dans ses poches, inventait des histoires en secret et lançait parfois un sourire malicieux à ceux qui croisaient son chemin. Mais elle voyait bien que le royaume s’éteignait peu à peu.
Un jour, Lina eut une idée. Elle alla voir le roi et lui dit :
— Majesté, permettez-moi de vous montrer quelque chose d’étonnant.
Intrigué, Sombrecoeur accepta. Lina posa une simple corde au sol et sauta par-dessus avec légèreté. Puis, elle invita le roi à essayer. Après quelques hésitations, il se lança… et tomba en riant !
Ce fut comme une étincelle dans le noir. Le roi réalisa qu’il n’avait pas ri depuis des années. Encouragé, il recommença, cette fois avec plus d’aisance. Petit à petit, il se mit à aimer ce jeu simple.
Voyant cela, les habitants osèrent à nouveau s’amuser. D’abord timidement, puis avec enthousiasme. Les rires revinrent, les couleurs réapparurent, et le royaume retrouva sa joie d’antan.
Le roi comprit alors une grande vérité : le jeu n’est pas une perte de temps, mais une source de bonheur, d’apprentissage et de lien entre les cœurs.
Depuis ce jour, Sombrecoeur devint Cœur-Léger, et il déclara :
— Que jamais plus le jeu ne soit banni, car il est l’âme de notre royaume !
Et c’est ainsi que le pays des rires perdus devint le royaume du bonheur retrouvé.